La tenderie

C’est un mode de chasse traditionnel qui se pratique dans la partie septentrionale des Ardennes dans une soixantaine de communes.

La tenderie s'exerce au moment de la migration des grives qui a lieu en automne durant les mois de septembre et octobre.

Ce mode de chasse, qui consiste à capturer la grive au moyen de lacets en crin de cheval, se pratique de deux manières : à la branche ou à terre.

LA TENDERIE “A LA BRANCHE” OU “AU BRANCHER”

 

 

La tenderie à la branche ou au brancher nécessite une série d’opérations bien précises dont la connaissance se transmet de manière rituelle.

Pour toute nouvelle tenderie, la première opération consiste en la préparation du «trait de grivière » c'est-à-dire la réalisation d’un tracé sinueux dans le taillis sous la forme d’un sentier.

La pose des pliettes consiste à fixer sur le corps d’un jeune arbre, au moyen d’un outil appelé fer à tendre une branchette recourbée ou pliette.

LA PLIETTE


La « pliette » est faite avec une jeune pousse de la grosseur d’un crayon, taillée en biseau à chaque extrémité. Sont souvent utilisées les branches de bourdaine dont la longévité est de 3 à 4 ans, ou à défaut, les branches de chêne qui ont l’avantage de se greffer sur le support si elles sont posées avant la montée de la sève (en Mars). Sont utilisées accessoirement les branches de noisetier qui ne durent qu’une saison, les rejets de saule ou bien encore les branches latérales de mélèze.
Les pliettes sont cueillies à l’avance et les tendeurs consacrent des après-midi entiers à repérer leur emplacement, à choisir leurs brins et à les couper. Elles sont ensuite conservées dans un sac en toile de jute et placées dans un endroit humide.
Il existe une assez grande variété de pliettes : fixées ou suspendues, ovales, ogivales, semi-ogivales, rectangulaires, en arc de cercle, droites (perpendiculaires à l’arbre, appelées dans ce cas, pipettes). Elles sont, soit enfilées, soit clouées, soit liées.
La forme la plus usitée dans les Ardennes est la forme en arceau (en fait semi-ogivale à la pose).

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LE LACS


Il consiste en l’assemblage de deux crins de cheval de 30 centimètres de longueur, juxtaposés, dégraissés à l’eau tiède, noués en leur milieu, pliés, puis roulés entre le pouce et l’index enduits de cendre de bois ou de cigarette, afin de former une torsade de quatre brins arrêtés par un double nœud.
L’extrémité nouée est enfilée dans la boucle appelée œil ou lumière du lacs, aménagée à la pliure au début de la torsade, au moment de la pose.
Les lacs sont généralement confectionnés durant l’hiver. Une fois faits, les lacs sont rassemblés par centaines roulés dans un papier journal et placés dans un carton ou un boîte en fer blanc avec quelques boules de naphtaline.
Avant utilisation, les lacs sont trempés dans de l’eau savonneuse, ou mouillés de salive. Ainsi traités et conservés, ils peuvent resservir trois ou quatre saisons

LE FER A TENDRE

Le fer est un instrument spécialisé qui constitue le seul outillage permanent de la tenderie. Il est appelé fer à tendre, fer de tendeur ou fer à lacs. Le fer est un instrument artisanal très particulier. Sa longueur (manche compris) varie entre 37 et 52 centimètres.

A l’aide du fer, le tendeur pratique deux fentes dans l’écorce et l’aubier de l’arbre-support, à 20 cm de distance l’une de l’autre dans l’axe vertical, à une hauteur d’environ 1 m 50.
Cette hauteur correspond à deux impératifs : ne pas être à la portée des rapaces et ne pas être à la portée des petits carnassiers.
La pliette est ensuite enfilée par son gros bout préalablement taillée en biseau dans la fente inférieure, puis pliée à la largeur d’un poing, et ajustée à la fente supérieure pour former un arc ogival. L’extrémité est alors taillée, puis enfilée dans la fente supérieure.
A la partie inférieure de l’arc ainsi formé, à environ deux doigts de l’arbre, le tendeur opère une incision longitudinale destinée à fixer la grappe de sorbes. Au centre de l’arc, le tendeur pratique une seconde incision autour de laquelle il enlève l’écorce.
Maintenant la fente écartée avec un couteau, il enfile alors le lac, de l’intérieur de la pliette par son double-nœud terminal, et l’ajuste de manière à ce que la base de la boucle soit à trois doigts de la base de la pliette.
Le principe du dispositif est simple : la grive vient sur le perchoir de la pliette, passe son cou par la lunette (nœud coulant) du lac pour atteindre la grappe de sorbes et se pend au moment de l’envol.

LA TENDERIE “A TERRE”

 

La tenderie à terre est de conception plus simple que la tenderie à la branche. Elle est réparée après le fauchage et le nettoyage du trait de grivière ou voyette.

Le tendeur prépare une coulée par laquelle devra passer la grive ; pour délimiter cette coulée, deux branches cassées appelées “haillettes”, sont utilisées.
Les haillettes ou hayettes sont deux rameaux assez touffus de noisetier ou de charme, plantés à dix ou quinze centimètres l’un de l’autre, perpendiculairement au trait de grivière.
Leur hauteur est de 15 à 20 centimètres du sol ; elles forment ainsi une petite haie, d’où leur nom.

Un piquet est planté à dix centimètres à droite du passage ainsi reconstitué. L’écorce est enlevée sur les faces latérales dudit piquet à moins de vingt centimètres du sol (de 15 à 18 cm). Le piquet est alors percé et le lac y est enfilé de l’intérieur du passage. Il n'y a pas de baies dans cette technique, c'est en grattant le sol à la recherche de vermisseaux que la grive se trouvera étranglée par le lacet.

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